Pornographies, facteurs de risques et voies de sorties

Le  sexualité

Pornographies, facteurs de risques et voies de sorties

La pornographie peut être définie comme tout matériel qui crée ou génère des sentiments ou des pensées et une excitation sexuelles et qui contient des images explicites ou des descriptions d’actes sexuels impliquant les organes génitaux (Reid et al.,2011).

Depuis les années 2000, la consommation de pornographie se fait majoritairement par internet. Longtemps restreinte à un public « d’initiés », elle est désormais aisément accessible, financièrement abordable de manière anonyme (Cooper, 1998).

Ces trois caractéristiques (triple A) explique en partie sa popularité. 

La recherche démontre qu’entre 76 % et 90 % des hommes adultes consomment de la pornographie en ligne (Carrollet al., 2008 ; Hald et al., 2013 ; Mauer-Vakil et Bahji,2020 ; Rissel et al., 2017 ; Twohig et al., 2009) et que la fréquence moyenne d’utilisation hebdomadaire des consommateurs se situe entre une heure et demie et quatre heures (Ballester-Arnal et al., 2017 ; Daneback et al., 2005 ; Wéryet Billieux, 2016).

Interdites aux moins de 18 ans, les images et vidéos pornographiques sont cependant accessibles à tous, ce qui souligne l’importance du contrôle parental. Quoi qu’il en soit, les jeunes qui y accèdent le font soit intentionnellement en tant que source d’information sur la sexualité (8 à 24% des adolescents considèrent la pornographie comme une source importante d’information sur la sexualité), soit de manière accidentelle, soit comme moyen d’excitation en vue de la masturbation. 

Aujourd’hui un nombre important d’enfant a déjà été en contact avec du contenu à caractère pornographique à l’âge du primaire, introduit par un membre de la famille grand frère, cousin etc.) ou dans la cour de récréation.

Une exposition précoce peut en effet créer chez certains enfants des traumatismes voir plus tard des troubles sexuelles. 

D’après une étude récente, menée auprès de 794 étudiants (491 Femmes, 303 hommes) et publiée dans la Revue Européenne de Sexologie (Bulot et al., 2015) il apparait des potentiels impacts délétères de la consommation de pornographie sur la santé sexuelle de jeunes adultes francophones.

 

 

La consommation de pornographie serait associée à une sexualité plus précoce, une multiplication du nombre de partenaires, à des rapports non protégés ou encore à une consommation de toxiques accrue. 

Des liens entre consommation de pornographie et des issues comportementales, psychologiques ou sociales, négatives ont en effet déjà été trouvés (Harkness et al., 2015 ; Peter et Valkenburg, 2011 ; Weaveret al., 2011). La pornographie serait également une menace pour l’épanouissement sexuel : les consommateurs de pornographie se déclarant plus insatisfaits de leur vie sexuelle que les non-consommateurs (Morgan, 2011 ; Muusses et al.,2015 ; Sánchez-Fuentes et al., 2014). 

 

Comment reconnaître une addiction ?

 

Beaucoup des patients qui viennent me voir pour un problème de consommation de la pornographie, me disent déjà lors de la prise de rdv au téléphone : Je suis addict au porno. Cet autodiagnostique n’est pas toujours juste, car ce n’est pas seulement la fréquence du visionnage qui détermine si quelqu’un est addict ou pas. 

Ce qui est plus important que la fréquence est l’état d’esprit lors du visionnage. Par exemple, si on sent qu'on ne peut pas se passer de ce visionnage, si on se sent mal, si un sentiment d’agressivité par exemple envahit la personne, lorsque quelqu'un ou quelque chose nous empêche de visionner, et si en plus, on a un sentiment de honte et de culpabilité à chaque fois qu'on a visionné ou après, alors il est possible qu'on soit addicte au porno.

Ce qui est important, mais pas évident, est de faire la différence entre la source de l’excitation (ici la pornographie) et la masturbation, qui est l’objectif. Se procurer un orgasme est en soi rien de mal, même naturel. La question se pose quelle place tout ça peut prendre, et quelle influence ce comportement a sur la vie (célibataire ou en couple, ma vie privée ou même professionnelle).

 

 

 

 

Comment s’en sortir ?

 

Peu importe l’addiction, pour en sortir le chemin est progressif et souvent long.

On va avancer un peu à la fois, étape par étape, on va connaître des rechutes plus ou moins importantes et tout ça, c'est normal. Il faut s'attendre à ce que ce parcours prenne quelques mois, parfois un an ou 2 pour certaines personnes ou plus.

Il est donc important d'entreprendre la démarche de s'en sortir d'une addiction au porno lorsqu'on se sent prêt à affronter ce chemin et ne le faites pas parce que ça gêne les autres ou parce que les autres vous le demandent, faites-le surtout quand vous sentez que c'est important pour vous et que c'est quelque chose dont vous souhaitez en sortir. Pour les addictions sexuelles vous pouvez trouver une prise en charge par des sexologues, certains psychiatres, addictologues ou psychologues. 

 

  1. L'addiction au porno sert souvent à combler un vide ou à diminuer des angoisses. C’est-à-dire que l’addiction sert souvent à lutter contre un mal-être. Moins on a de vide dans notre vie, plus on diminue notre angoisse et plus on se sent bien et moins on aura besoin de visionner du porno. C'est beaucoup plus facile de résister à visionner du porno lorsqu'on se sent bien, qu'on est entouré et qu'on passe un bon moment et c'est beaucoup plus difficile de résister lorsqu'on est seul, qu'on s'ennuie et qu'on se sent mal. 

 

  1. Lorsque vous allez diminuer puis arrêter le visionnage de porno vous allez libérer du temps. Réfléchissez ce que vous allez faire de ce temps libéré. Il faut le remplacer par une autre activité que la porno. Vous pouvez le remplacer par une activité sportive ou une artistique par exemple. N'imaginez surtout pas que vous allez arrêter le porno et ne rien faire à la place. 

 

  1. Utilisez les technologies ! Vous avez des applications qui peuvent bloquer l'accès au porno. Soit en continue, soit à des heures prédéfinies, par exemple au travail ou à la maison. Vous pouvez changer de smartphone. Ou vous pouvez demander à quelqu'un de confiance quelqu'un qui est au courant de votre difficulté d'installer pour vous un contrôle parental.
  2. Il y a un point qui est souvent oublié, c'est que lorsque vous craquez, lorsque vous rechutez, surtout ne vous en voulez pas. Ne culpabilisez pas, c'est normal les rechutes. D'ailleurs, ce sont les rechutes qui vont vous permettre de progresser puisque vous allez pouvoir comprendre dans quel cas vous rechutez, vous allez comprendre quelles sont les circonstances qui vont vous pousser à visionner le porno. Et n'oubliez pas, plus vous culpabilisez et plus vous allez vous sentir mal et plus il y a un risque de visionnage du porno. Donc, retenez l'idée que c'est normal de rechuter à condition d'utiliser cette rechute pour comprendre. 

 

Pour conclure, vous pouvez essayer ces conseils et ces astuces pour vous en sortir d'une consommation au porno. Mais si vous sentez que c'est trop difficile pour vous, que vous n'y arrivez pas tout seul, surtout, n'hésitez pas à demander de l'aide à consulter. Vous ne serez jamais jugé, vous serez écouté et aidé. Vous pouvez consulter un sexologue, parfois un psychiatre, si l’addiction est vraiment handicapante, un addictologue ou encore un psychologue. 

 

Chargement en cours ...