Elle est complexe et trompeur. A beaucoup, elle fait peur : la jalousie. Vous vous souvenez certainement encore quand votre soeur ou votre frère a reçu toujours plus que vous : de temps, d’attention, parfois de cadeaux. Et à l’âge adulte, la jalousie est une émotion plus fréquente que l’on le pense. Même dans ces formes les plus violentes. Quand le soir devient un interrogatoire, que la moindre phrase est tournée et retournée et quoi que l’on dise, tout ce que vous dites vous revient comme un soupçon qui petit à petit devient violence jusqu’à détruire le couple.
La souffrance et le désarroi est immense pour la personne jalouse. Confusion, agressivité, haine, anxiété parfois terreur, le territoire du jaloux se fissure de doutes qu’il tente de contenir à l’abri des regards. Il ne peut pas faire confiance et n’arrive souvent pas à s’attacher et du coup n’arrive pas à se montrer lui-même dans ce qu’il ressent.
Mais comment expliquer cette émotion qui mine et parfois détruit la vie de tant de couples ?
Pour trouver quelques pistes nous devons entrouvrir les portes de l’histoire lointaine de la personne jalouse. Une véritable expédition dans l’inconscient du sujet. La jalousie puise sa force dans la haine, entre la négation de l’autre et une profonde mésestime de soi. L’autre est nié dans sa différence qui est vécu comme une grande menace. La jalousie est étroitement lié à l’envie, c'est à dire : la souffrance de voir quelqu’un d’autre posséder ce que l’on voudrait pour soi.
L’envie suppose que l’on pourrait avoir ce que l’on désire, mais que cela nous est refusé. Mais il ne s’agit pas seulement du désir de posséder, mais aussi le besoin de détruire la jouissance qu’un autre pourrait trouver auprès de l’objet convoité.
Ca peut aller jusqu’au besoin de détériorer l’objet lui-même. Tu ne me donne pas ce que je veux que pour moi, alors je vais le casser. Dans la vie d’un couple, c’est le désir de posséder l’autre que pour soi. Tu es à moi ! Tu est le tout à moi ! Et puisque tu es à moi, tu ne peux pas avoir d’existence propre. Ton seul désir que je te concède est de me désirer et que moi ! La jalousie exprime finalement la crainte de perdre ce que l’on possède ou ce que l’on croit posséder.
Mais d’où nous vient ce désir de possession si exclusif ?
Le premier objet de possession est la mère. Le bébé, dans les bras de sa maman est aux anges. On peut parler d’une relation très fusionnelle entre l’enfant et sa mère. Le sein maternel symbolise à merveille ce paradis. Sauf qu’à un moment donné l’enfant doit passer le stade du sevrage, de la séparation.
Et quand ce processus de sevrage connait quelques manques, quand l’enfant se sent abandonné par la mère qui pour lui était son objet d’amour, quand l’enfant n’a pas réussi à sortir de cette fusion sans pouvoir investir d’autres espaces affectives, alors il risque en effet de trainer avec lui un profond sentiment de haine envers cette femme qui lui a tout donné, mais qui l’a abandonné. C’est en tout cas ce sentiment qui est la source de la jalousie d’adulte. Mais encore une fois, ce sentiment de haine est complètement inconscient, il est refoulé.
Quand on parle d’amour, en réalité on parle plutôt d’un amour qui permet de s’aimer soi à travers les sentiments, les gestes etc que l’autre nous montre et nous donne. Cet autre n’est au final que support pour que je me sente mieux. La jalousie est partout, dès lors qu’il y a attachement. Puisqu’on a peur de perdre ce support là, ce soutien si nécessaire à son existence.
Je ne suis pas sur que l’on peut vraiment, complètement sortir de la jalousie. Elle restera présente tout au long de la vie, mais si on y travaille, avec moins de souffrance et moins d’attente envers l’autre. Ca passe par l’acceptation de sa propre impuissance, et l’acceptation que le partenaire ne va pas pouvoir réparer cette cicatrice de l’enfance. Souvent la jalousie est réveillé par le fait que le partenaire commence à se confier à une autre personne, voir une infidélité sexuelle. La haine jusqu’alors refoulé se déchaîne. Le sentiment de trahison est profond.
Alors comment vivre avec un partenaire jaloux ?
Il faut déjà se mettre à l’évidence que dans un couple le partenaire ne peut jamais réparer ou guérir des blessures du passé. C’est un travail que la personne doit effectuer avec une tiers personne en psychanalyse ou en des thérapie plus brèves.
Le partenaire d’une personne jalouse, va à un moment donné, se trouver coincé, voir piégé. Quoi qu’il en soit n’attendez pas trop, allez dans un premier temps voir un conseiller conjugal et familial qui saura faire tiers et vous permettra à ce que la parole devienne plus constructive. Mais à terme un travail personnel sera sans doute nécessaire pour permettre au jaloux de sortir de son propre emprisonnement. L’amour comporte toujours le risque de la perte. L’amour ne possède pas.